27 octobre 2009

Je suis pas fier...

Des fois je suis pas fier quand je passe le long des quais de seine entre St Denis et Levallois à cette heure où le bleu de la nuit laisse la place au bleu de la journée qui commence. De temps en temps se mêle une autre nuance, celle des gyrophares des voitures de police. Ce matin elles étaient nombreuses stationnées le long des trottoirs devant l'usine de béton. Pendant que les toupies se remplissaient de leur mélange de sable et de ciment en tournant lentement les fonctionnaires de police se préparaient à intervenir. L'un d'eux avait déjà sorti sa matraque. Manifestement il s'attendait à de la rébellion... Il faut savoir qu'à cet endroit une grande palissade cache à la vue de ceux qui passent et qui ne veulent pas voir une marée sombre d'abris de fortune faits de tous ces déchets que notre société sème dans ses bennes à ordures et ses déchetteries. De l'autre côté de la palissade, de loin on loin on aperçoit un tube ou un seau à peinture sans fond qui servent de cheminée.

Des hommes vivent là! Des femmes aussi et des enfants.

Nous les voyons le matin partir alors que le jour se lève à peine , poussant leurs caddies de super marché , tirant derrière leur bicyclette une poussette vide ou un cabas à roulette vers les rebuts que nous entassons au coin de nos rues. Faut il que la misère qu'ils fuient soit à ce point insupportable pour venir ainsi s'échouer dans un terrain vague le long d'un fleuve si loin de chez eux.
Vers quel ailleurs allaient ils se faire refouler ce matin, vers quel centre de rétention, vers quel prison , vers quel absence de toit. Eux rien ne les protège de l'expulsion , même pas l'hypocrite trêve hivernale qui d'ailleurs commence dans quelques jours.
Un squatteur sans papiers n'a aucun droit dans ce domaine.
La dernière fois que nous avons vu ce même spectacle c'était juste au bord de ce qui est en train de devenir la Cité du Cinéma de Luc Besson. Je pense que leur présence gênait l'inauguration du chantier. Depuis certains sont revenus s'installer à moins de deux cent mètres des pancartes de permis de construire au nom d' Europacorp.
Et pendant ce temps nos banquiers se versent des dividendes gargantuesques alors qu'un infime pourcentage permettrait à ces fantômes vivants de simplement ... vivre !
Alors ce matin je n'étais pas fier, pas fier du tout et pourtant je n'ai rien fait qui puisse leur nuire.Mais qu'ai-je fait qui puisse leur venir en aide ?

2 commentaires:

saintjust95 a dit…

Je n'ai pas aimé ta critique du blog de mon ami Jacques (Etoilium)et je m'en suis exprimé a la suite .
Par contre j'aime que l'on écrive des article comme celui ci .
Penser a ces gens , ces malheureux et le dire c'est déjà une bonne action ,crois moi .
Sans rancune pour ma critique .....
Salut et fraternité .
Jean.

philoo a dit…

Ahhh! On me le dit souvent : Trop lapidaire Philoo...Pas pris le temps d'y mettre les formes. Stupido!
Je ne voulais pas froisser mais bien au contraire mettre le doigt sur ce qui pêchait. Mais c'est sans animosité. Dans le mot amateur il y a qui aime et quand on aime on dit franchement ce que l'on pense.
Salut à toi aussi.
- y a pas faut que je mette quelques images en ligne pour uqe moi aussi je puisse prendre une ou deux volées de bois vert :o)