05 octobre 2009

On en parle à peine...

Des fois on en parle à peine , c'est juste une vingtaine de lignes coincées dans un coin gauche d'un magazine, sans trop de précisions sur l'importance du phénomène et pourtant ces quelques lignes ne présagent rien de bien fameux. Une fois de plus c'était un truc annoncé , un truc qui fait partie des scénarii catastrophe. Je parle de la découverte de panaches sous marins de dégazage d'hydrate de méthane.

_ ?

On explique : Sous certaines conditions de pression et de température le méthane - CH4 - ce gaz généré par la fermentation des matières organiques, peut être piégé par de la glace. De la glace toute bête - H20 - qui arrive a piéger plus de 150 fois son propre volume de gaz.

_ Et alors ?

Ce qu'il faut savoir c'est que c'est un gaz à effet de serre 30 fois plus puissant que le CO2 sur 20 ans et quasiment 60 fois sur 100 ans.

- Et donc ?

Ben ce qui est inquiétant c'est que le méthane est bigrement plus pernicieux que le CO2 .Sa durée de vie dans l'atmosphère n'est que de 20 ans ( en gros hein ? comme d'hab.) .

- C'est plutôt chouette ça !

Oui mais dans les cinq premières années il réchauffe 100 fois plus que son cousin CO2. Et pour parachever le tout quand il se dégrade il se transforme en ... devinez ???

- En vapeur d'eau ?

Oui aussi - au passage la vapeur d'eau c'est aussi un gaz à effet de serre mais elle reste pas longtemps dans l'air - mais surtout en CO2. Une tonne de méthane produit 2,75 tonnes de CO2 qui s'ajoutent bien sûr à celui déjà présent dans l'atmosphère.

- Et le rapport avec les hydrates de carbone ?

On y vient : Normalement ces hydrates sont tranquilles et stables au fond de l'océan, pas trop profond d'ailleurs, une bonne partie se trouve sur le plateau continental entre 300 et 1000 mètres de profondeur. Mais cet équilibre est très fragile, il suffit que les conditions de température ou de pression changent et bingo l'hydrate devient instable et libère le méthane emprisonné. Dans le cas qui nous intéresse ce sont plus de 250 cheminées qui libèrent ce gaz sans discontinuer qui viennent d'être découvertes à l'ouest du Spitzberg Occidental. Ce scénario était prévu. Il semble pour le moment que ce soit l'élévation d'un degré du courant marin qui baigne cette partie de l'océan qui soit à l'origine du phénomène. Le dégazage à lieu entre 360 et 400 m alors que précédemment les hydrates étaient stables à partir de 360 m de profondeur.

- Roooh l'autre hé , 40 m de différence c'est rien ! Tu chipotes encore !

Non je ne chipote pas. Quarante mètres sur des kilomètres ça représente des tonnes et des tonnes de gaz. Et si le phénomène s'étend ce seront des mégatonnes qui seront libérées.

- Mais Philoo tu disais l'autre jour qu'il allait faire froid !

Non je ne disais pas qu'il allait faire froid, je disais que la baisse d'activité solaire risquerait de masquer les effets réels. Il ferait certes un poil plus chaud mais pas autant que si le soleil était en pleine forme. Donc même si ce "rafraîchissement" appelons le comme ça , permet de calmer le phénomène, ce ne sera que temporaire ! Ces bulles ne sont que le premier frémissement dans la casserole d'eau posée sur le feu pour faire des nouilles. D'abord y a une bulle, plus rien, puis deux ou trois et encore plus rien et puis ça s'emballe. Ben là c'est pareil c'est juste que la casserole est plus grande !

- Quoi ? L'eau des mers va bouillir ?

Non mais c'est pas vrai ça . T'es un vrai boulet! Je te dis que l'enchaînement des évènements sera de ce GENRE là. C'est pas une éruption brutale, pas le Krakatoa ou le Pinatubo c'est une accélération par à-coups. Il y a des Gigatonnes d'hydrates de méthane prisonniers sous les mers et dans la toundra sibérienne ça donne une idée de l'ampleur du phénomène s'il se déclenche en grand ! ... Tiens d'ailleurs en parlant de toundra, elle aussi elle a tendance à se ramollir.

Enfin ce que j'en dis moi hein ?

Ps: Dans un autre article du même numéro du même magazine on annonce que finalement les effets produits par l'élévation d'un ou deux degrés ont peut être été sous estimés et que les enchaînements de ces effets sont quasi impossibles à prévoir. On progrresse : ils sont désormais capables de dire qu'ils n'en savent rien.
Bien ;o)

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