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18 juin 2010

Des fois je fumais ...

Des fois je fumais des Benson & Hedges en boite métallique rouge. Comme celle là. C'était y a longtemps, vers les années 1974 / 75 , comme ça à vue de nez parce que mes souvenirs souffrent d'un délabrement chronologique aigu pour les évènements de cette époque. Abus de substances illicites et hautement hallucinogènes ? Mouais, sans doute ... 
J'en ai fumé pendant un bon moment de ces cigarettes de bourgeois. C'était le temps où l'on braillaient le refrain de la chanson de Jacques Brel tard le soir dans les rues du Sanitas en pensant être de purs anarchistes... "Les bourgeois c'est comme les cochons plus ça devient vieux.........." 
A part nous faire rire et courir vite, courageux que nous étions, de peur de justes représailles, ces bouffées anarcho débilo adolescentes n'ont sans doute servit qu'à faire suer ceux qui dormaient là, travailleurs en usine, manutentionnaires, cuistots ou aides maçons. J'étais l'un d'eux.
Je travaillais alors, forcément, je pouvais m'en payer de ces cigarettes hors de prix. Comme ça , de mémoire, je dirais cinq francs. A l'époque une paquet de Gauloises devait coûter dans les un franc. Il y avait un petit côté frime je dois le reconnaître, mais aussi , déjà, un côté pratique. Ces boites là contrairement aux Dunhill's qu'affectionnait particulièrement le sieur Payet (pas bien sur de l'orthographe de son nom à celui là) , ces boites là donc avaient l'avantage de ne pas s'écrabouiller dans la poche des pantalons ou au fond des besaces militaires ornées des signes cabalistiques et des slogans de rigueur en cette période Peace and Love. L'autre avantage et non des moindres c'est qu'après en avoir fumé le contenu, la boite pouvait servir à stocker toutes sortes de choses, clous, vis, rondelles, résistances, diodes, écrous, boulons etc etc... C'est bien cette dernière caractéristique qui fait qu'hier j'ai pu faire une photo d'une de ces boites qui traînent encore dans le grenier de mes parents. On ne trouve plus ces cigarettes dans cette présentation , enfin pas à ma connaissance. Cela fait partie des objets qui ont disparu et qui me manquent, le vieux chariot en bois tiré par une paire de boeufs de mon enfance, le briquet de mon papa qui sentait l'essence ordinaire et fumait comme un diesel déréglé, les allumettes que l'on ramenaient d'Espagne et qui s'allumaient simplement en les frottant par terre, toutes ces petites choses , ces madeleines de Proust. Alors je suis drôlement content d'être retombé dessus. Cela n'a bien évidement aucun intérêt pour vous. Peut être cela éveillera t'il un souvenir dans l'esprit de mon Poto, qui sait ?
Enfin c'que j'en dis moi , Hein ?

19 novembre 2009

Des fois je mange des huîtres.

J'étais content. Mais content comme rarement. J' avais appris que mes parents me laissaient la maison pour la semaine de Noël, réveillon compris. Youpiiiiiie ! Je n'allais certainement pas passer ce Noël seul! Il va sans dire que j'informais immédiatement la bande habituelle de cette mirobolante nouvelle. C'était le temps des grands chambardements. Les filles ressemblaient à des garçons avec leurs jean's troués et les garçons ressemblaient aux files avec leurs cheveux longs (et sales comme disait ma grandmère) et les enfants ne passaient plus Noël avec leurs parents. Enfin les enfants c'est vite dit , nous allions tous vers nos dix sept , dix huit ans et la majorité que Giscard venait de nous offrir comme pour nous récompenser du bordel que l'on avaient mis dans nos collèges et lycées pendant les quelques années qui avaient précédé. Quoiqu'il en soit il nous fallait derechef organiser cette soirée. Nous nous y attelâmes donc le coeur joyeux - Oukaïdi Oukaïda !!!

Noël c'est un sapin , des guirlandes , des bougies , une jolie table, du bon manger et du bon boire - mais pas trop on était pas encore des ivrognes invétérés. En plus ma chérie de cette époque devait partager ce moment de fête et de partage alors fallait voir à voir que ce soit réussi.
Le sapin ça c'etait facile, papa s'en était occupé au cours d'une de ses journées de travail au volant de sa petite voiture jaune. Lorsqu'approchait la venue du Père Noël , il s'arrêtait dans les bois et sortait de sa fourgonette la hachette réglementaire, fournie par l'administration, et choisissait dans la forêt le sapin le plus joli.
- Mais ! C'est interdit ça !!! C'est très mal. Et si tout le monde faisait comme lui ? Ah elle serait belle la forêt.
- Polop Polop Polop. D'abord c'était y a longtemps et l'écologie et le respect de la nature étaient des notions toutes relatives te toutes neuves à l'époque. En plus Papa et Maman ils avaient pas plus de sous que ça pour nourrir les cinq mômes que nous étions et les sapins bin ... ça coutait la peau du cul. Don papa coupait un sapinou dans la forêt en prenant soin d'en choisir un bien droit, mais coincé entre deux gros qui de toutes les façons lui auraient pas permis de grandir comme il faut, il le coupait adroitement avec un outil affuté au poil pour pas qu'il souffre. Et pis c'était comme ça et pis c'est tout.
Les guirlandes les bougies La jolie table ? Fastoche ! On allait sortir une jolie nappe du placard , mettre les belles assiettes dessus, les couverts des jours de fête un ou deux bougeoirs et la magie de Noël allait de nouveau opérer. D'autant que la magie du petit supermarché pourvoyeur de boissons alcoolisées fonctionnait à plein régime. Une tablette de chocolat achetée , une bouteille de Daïquiri offerte ! Enfin aaaaachhtée quoi... Tout était quasi parfait. Sauf qu' il manquait quand même l'essentiel : LE MANGER !!!
Aie! Là c'était plus compliqué.
Les parents nous avaient laissé qui un boudin blanc qui une galantine de volaille, qui une boite de Tuc .
- Soyez sages les enfants et surtout ne buvez pas trop.
- Mais non !
- Et ne sortez pas trop tard et n'oubliez pas de fermer la maison en partant.
- Promis ! Allez Au revoir! Bon voyage...
Ahhhhh les voyages du comité d'entreprise des Laboratoires où maman travaillait............. à la chaine à empaqueter des ampoules de sang de taureau pour les mous du genou. Avec ces voyages j'ai pu en faire des fiestas à la maison pendant que eux découvraient le vaste monde. Grace à la "générosité" de cette entrprise ils ont pu découvrir la Grèce, l'Irlande, la Sicile et tant d'autres endroits où ils pensaient ne jamais pouvoir se rendre.Depuis ils ne se sont plus arrêter de vagabonder dès que l'envie leur prend et que les finances leur permettent.
Le problème était posé clairement il manquait à notre repas de réveillon : Une entrée , un plat et un dessert ! Pour le plat et le dessert on pouvaient toujours s'en sortir, pour le pain aussi, j'étais apprenti boulanger à l'époque donc de ce côté là tout allait bien. Pour le plat on pouvaient toujours faire un plat de lentilles aux saucisses ou un petit rosbeef et des nouilles au gruyère... Mais l'entrée ? Comment trouver un foie gras , une douzaine d'escargots ou une douzaine d'huitres avec nos porte monnaie percés ?

C'est ProutProut ( aka Proutboing ) qui a sifflé l'idée à nos esprits déjantés.Peut être même à son corps défendant , il n'avait certainement fait que raconter ce qu'il voyait pendant ses journées. Lui il travaillait chez un marchand de lunettes de la place des Halles. Faut dire qu'avec nos paies d'arpettes on allaient pas bien loin. Mon poto devait tourner dans les 600 Francs et moi je devais toucher dans les 200 Francs. T'imagines ? 30 euros !!!Autant dire une misère.
- Par jour ?
- Eh non eh ! Oh l'autre eh ! PAR MOIS !!! Jobastre và! Par jour tss-tss!!! On étaient pas apprentis Ministres.
Alors justement les fins de mois elles étaient drôlement dures. Avec le paquet de JPS à 5 francs et le Carambar à 10 centimes on pouvaient pas se permettre beaucoup de folies. Un café place du Palais les jours de fête, une gaufre à la chantilly sous le grand passage quand y faisait froid, un 33 des Who ou de Zappa parce qu'il était trop grand pour tenir sous le duffel coat et zou ! La paie envolée ... Alors pour régler le problème il allait falloir jouer serré.

Tous les jours, entre deux carreaux à sertir et deux clients grincheux, il voyait décharger des tonnes de victuailles sur les trottoirs qui entouraient la place. Des tonnes de cageots, cagettes, ballots et autres cartons de légumes, de viandes, de gibiers et de poissons. Ce devait être comme ça tous les Jeudi et Vendredi de l'année, jours de marché obligent. Rien que de très banal donc. Sauf qu'un évènement comme Noël induit des changements dans l'horlogerie bien rodée du bal des chauffeurs livreurs et des commerçants. Trop de livraisons à faire, trop de cageots à stocker et toujours des journées de vingt quatre heure.
Pour satisfaire tous les clients les camions de livraison commençaient plus tôt. Beaucoup plus tôt. Tellement tôt que les livraisons avaient lieu avant même que les commerçants ne soient levés.
à suivre....

17 août 2009

Des fois je me rappelle...


C'est Boiboisse qui avait eu l'idée. Simplissime comme l'étaient toujours ses idées, enfin c'est ce que lui en pensait. Simplistes et sans réflexions sur les conséquences et les dangers encourus , ça c'est ce que nous nous en pensions. Quand je dis nous je parle du ProutProut, de Sosso et de moi , à cette époque mon surnon c'était ... Fifi! Et non j'ai pas honte ! C'était comme ça. On avaient les cheveux longs, les jeans trouées, la barbe naissante - par endroits - , on empestaient le patchouli le musk oul le santal , on fumaient des pétards et on avalaient de l'acide comme d'autres prennent une cuite. Forcément les études s'en ressentaient un tantinet. Dès que l'un ou l'autre avait l'idée saugrenue de sécher l'école pour mener à bien les recherches et autres récupérations pour la logistique de notre groupe de rock/psychédélique on le suivaient illico. Cela nous avaient déjà emmenés dans une gare de triage, une piscine, une école et devant une banque ... Mais là c'était plus beau , plus grand, carrément magnifique, limite inspiré par Dieu lui même. La manne céleste nous attendait posée à notre intention au pied du plus beau monument de la ville , quasi millénaire. La Cathédrale , pas moins !
Je dis que la manne nous attendait posée devant mais en fait il vaudrait mieux dire boulonnée et raccordée au 380V qui l'alimentait. Ceci n'était qu'un détail, Boiboisse avait fait les repérages nous avions le matériel idoine et nécessaire pour mener à bien notre divine mission: déboulonner , débrancher et embarquer nuitamment les projecteurs qui éclairaient le monument et le rendre ainsi à la délicate lueur des étoiles et de la lune, telle qu'il apparaissait aux voyageurs et aux pèlerins du Moyen-Age.
Pour notre part ce qui nous intéressaient se trouvait sur le parvis, posé sur le bord des premières marches. Trois magnifiques projecteurs de 800 W, puissants, solides et étanches.Un véritable don du ciel. Posés en bains de pieds sur le bord de la scène cela nous ferait un éclairage du tonnerre.
Boiboisse avait bien préparé les choses. Il avait déjà remarqué que la place de la cathédrale et la rue qui la longeait sur sa droite était totalement désertes passé minuit, que la crêperie qui la jouxte fermait à minuit et demi et qu'en conséquence vers une heure du matin nous aurions une paix royale. Et pour une fois ses observations s'avérèrent justes. Pas un chat lorsque nous arrivâmes sur le lieu de notre mission. Le déballage des outils que nous avions pris soin de ranger dans nos besaces militaires frappées du symbole Peace & Love se déroula sans bruit. La phase une , répétée en plein jour à main nue et l'air le plus innocent du monde affiché sur nos visages dans l'après midi , consistait à desserrer les écrous de 17 qui maintenaient le support au sol. Nous avions en effet décidé que le mieux était d'emporter chaque projecteur ET son support plutôt que de les démonter de leur support orientable. Pas plus compliqué et peut être utile pour nos futurs concerts autour du monde.
Le desserrage à l'aide des outils les mieux adaptés, clef à pipe et rallonge au cas où les vis auraient été grippées dans leur boulon se déroula sans la moindre anicroche. En moins de cinq minutes les six boulons étaient dévissés et les supports libérés de leur emprise au sol. Il restait la phase deux, la plus périlleuse, à mener à bien. Couper les câbles d'alimentation sans se faire griller sur place par une décharge de 380 dans les mimines. Pour ce faire nous avions entouré les pinces dans de la chambre à air qui servait d'isolateur. Le timing était serré, la section du câble devait être immédiatement suivie de la récupération du projo par celui qui avait les mains libres pour qu'il puisse s'esquiver sans perdre de temps dans la petite rue sombre. Là la troupe une fois tous les projecteurs emportés devait se diriger vers le fond de la rue et prendre à droite celle qui passait le long du couvent. Tout se déroula à merveille. A chaque coup de pince coupante un pan entier de l'édifice retournait à la nuit. En moins de dix secondes les trois projecteurs étaient emportés et nous nous dirigeâmes d'un bon pas vers le boulevard en passant par les ruelles qui contournaient le conservatoire de musique. Tout en nous congratulant mutuellement pour notre adresse et notre sang froid nous avancions d'un pas joyeux en suivant les ruelles mal éclairées de cette partie de la ville. Ah! nous avions eu le nez fin de choisir un itinéraire aussi tranquille.
La rencontre avec la foule qui sortait du Cinéma d'Art et Essai nous pris par surprise. Les regards étonnés de ceux qui sortaient de la salle nous liquéfiaient littéralement sur place. Arrrrgggggh !!!! Nous avions totalement oublié que la dernière séance commençait à minuit , l'heure du crime.C'est dans une sorte de mélasse que nous avons franchi cet obstacle , livides, à la limite de l'évanouissement.............
Les projos ne sont jamais montés sur la moindre scène, notre groupe non plus d'ailleurs.
Aujourd'hui les éclairages de la cathédrale sont noyés dans la pierre. Je me demande pourquoi ?