11 août 2009

Je retourne là-bas...

Des fois je retourne là-bas... La nuit, en rêve.Toujours à l'improviste. Mais comme je connais l'endroit je ne suis jamais surpris. Là-bas tout peut arriver, sauf le mal. Quelque chose m'y attire irrésistiblement. Quelque chose m'y lie. J'y suis retourné cette nuit. Je n'étais pas seul , d'autres me suivaient, mais eux ne connaissaient pas le chemin. Je me suis retourné et je leur ai lancé :"Où croyez vous aller comme ça ? Savez vous où vous êtes ? Non ? Moi je le sais, alors tournez à droite et vous trouverez la bibliothèque, moi je continue seul !" En leur disant cela je leur offrait plus qu'une indication, je leur donnais le chemin pour rentrer. C'est comme ça, pour ceux qui se perdent là-bas, le chemin pour rentrer passe par la bibliothèque.
Ils ont tourné à droite, ils étaient très dociles, et j'ai poursuivi mon chemin.
Je glissais sur les marches , blanches et creusées, je les survolais par une, par deux, par dix, les chutes n'existent pas là-bas et les mouvements sont toujours simples et sans efforts.
C'est là-bas que j'ai appris à voler pour la première fois. Avec un peu d'appréhension j'avais ouvert mes bras j'avais penché mon corps en avant, le cœur battant, et le courant ascendant m'avait emporté . Je pouvais voir les vallées et les bois, les gorges, les clochers, les vaches et les moutons à travers un air d'une clarté sans égal. Il est si simple de s'envoler là-bas.
Hier la salle était ouverte, je me suis affalé dans le grand fauteuil pivotant qui semblait m'attendre et je me suis retourné. La dame était là, aimable et souriante, le visage encadré de quelques mèches frisées. Je lisait ANPE sur son bureau mais je n'avais pas peur. Elle m'a dit d'une voix douce :"Sais tu ce que tu veux ?" - "Ma foi non !" lui ai-je répondu."Écoutes ton cœur et tu le sauras, en attendant tu peux aller là ..." a t' elle conclu en me tendant une carte de visite. J'y suis allé , un centre d'essai et de mesures c'était. En chemin je me disais qu'il allait falloir que je trouve une doc sur les oscilloscopes et tous les autres outils de mesures pour pouvoir faire à moitié illusion le temps des essais et en attendant que mon cœur me dise ce que je voulais. Puis le merle a chanté et m'a ramené à la maison.
Je me sens toujours un peu frustré de revenir. J'ai beau refermer les yeux et m'efforcer d'orienter le cours de mes rêves pour reprendre le chemin, rien n'y fait. Ce n'est pas moi qui décide d'y retourner, c'est autre chose, cette autre chose qui me lie.
J'y retournerais, forcément, une de ces nuits ou une autre, puisque c'est ainsi.

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